Salvatore Chiazza :

Premièrement, je crois qu’il nous faut revenir à la simplicité de ce que Paul enseigne. Paul parle de don de la grâce et comme tout don, cela signifie que Dieu décide du [00:10:00] contenu du don et du destinataire du don. Dans 1Corinthiens 12:11, Paul précise que l’Esprit donne comme Il veut et à qui Il veut. Dieu choisit ce qu’il donne et à qui Il le donne. C’est le principe du don. Beaucoup d’implication là derrière. Premièrement, ça implique qu’il n’est pas juste d’enseigner que vous devez manifester un certain don pour prouver que vous êtes vraiment un vrai chrétien, comme par exemple, certains cercles enseignent qu’il faut forcément parler en langue pour démontrer que vous êtes rempli de l’Esprit, ou forcément prophétiser ou faire des miracles avec des séances, de parler en langue ou d’imposition des mains pour le parler en langue, on va presque forcer les gens à dire n’importe quoi et décréter “Ça y est, tu parles en langue, tu es baptisé du Saint-Esprit”. Le parler en langue comme les autres dons est un don. Paul nous appelle à désirer ardemment les dons, tout en précisant que tous ne prophétisent pas, que tous ne parlent pas en langue, que tous ne font pas des miracles, lisez 1Corinthiens 12:29. Si c’est un don, pourquoi dériver et en déduire que tous doivent le recevoir ? Le reçoivent ceux à qui Dieu décide de le [00:11:00] donner. Les autres reçoivent autre chose. De plus, au sujet du don du parler en langue, nous ne croyons pas que le parler en langue est le signe du baptême du Saint Esprit, puisque 1Corinthiens 12:13 dit que le vrai croyant est baptisé du Saint Esprit au moment de sa conversion. Donc le baptême du Saint Esprit n’est pas une expérience supplémentaire qui suit la conversion, c’est la conversion, et le parler en langue, langue connue ou inconnue existe. Nous y croyons, mais c’est un don de l’Esprit que nous devons désirer, mais qui est donné ou pas. Et c’est pareil avec les autres dons. Il n’y a pas qu’une seule expérience avec le Saint Esprit. Nous sommes appelés à rechercher et à approfondir notre soumission à l’Esprit. Et vous voyez, il y a un danger de sortir du cadre quand on se laisse aller à croire qu’on pourrait presque contraindre Dieu à nous donner le don des langues ou le don de prophétie ou le don de guérison par exemple, et se convaincre nous-mêmes qu’on possède tel ou tel don. D’ailleurs, c’est amusant qu’on cherche toujours les dons les plus spectaculaires. C’est révélateur. J’ai jamais entendu personne me dire je crois que j’ai le don de la miséricorde. [00:12:00] C’est interpellant. Alors je ne sais pas si vous réalisez les abus là derrière. J’ai lu l’histoire d’une pseudo-école de guérison dont je tairai le nom, qui, à l’issue d’une formation, enfermait ses étudiants dans une pièce avec des malades et ne les autorisait à sortir que quand les malades étaient soi-disant guéris. Ils commandaient à la maladie de partir. Ils déclaraient une guérison qui n’en était pas. Il fallait activer sa foi, etc. Voilà ce qui arrive quand on sort des limites. Juste prenez la Bible. Paul parle de don et Paul parle d’un Dieu qui est souverain. Donc premièrement, tout le monde ne reçoit pas tous les dons.

Deuxième balise, même quand on reçoit un don, cela ne signifie pas que ce don est acquis à vie. 1 Corinthiens 12:8 L’apôtre Paul nous rappelle l’Esprit donne à l’un une parole pleine de sagesse à un autre, le même Esprit donne une parole chargée de savoir, l’Esprit donne à un autre d’exercer la foi d’une manière particulière à un autre. Ce seul et même Esprit donne de guérir des malades. Ce texte ne dit pas que l’Esprit donne des dons à certains de façon définitive, mais que l’Esprit donne aux uns et aux autres en [00:13:00] fonction des contextes, et par conséquent, vous ne savez pas par qui vous pourriez recevoir une guérison lorsqu’une personne prie pour vous, n’importe qui peut, s’il est un vrai chrétien, recevoir un don de guérison. Le mot est toujours au pluriel. Don avec s de guérison. Les dons ne sont pas renfermés en une personne, comme si cette personne, que Dieu avait utilisée une fois pour une guérison ou pour un autre don, possède ce don de façon définitive et devient donc un guérisseur, qu’il faut presque consulter quand on est malade, là on sort du cadre. C’est pour ça qu’on évite de parler de guérisseur, de prophète ou d’apôtre, parce que même si Dieu utilise quelqu’un une fois ou cent fois pour la même chose, avec le même don, ce n’est pas à vie, ce n’est pas une étiquette ou une qualification. Imaginez la pression que font parfois peser les chrétiens sur les épaules de ceux qui ont été une fois utilisés par Dieu, pour un miracle, pour une prophétie, pour une parole de sagesse, on va leur mettre une étiquette. C’est là que naissent les faux prophètes, parce que quelqu’un qui est utilisé par Dieu, on va lui dire qu’il est prophète ou [00:14:00] guérisseur et on va le consulter en tant que tel, et s’il est faible et bien il va se laisser prendre au jeu. Il va se convaincre lui-même, ça peut aller très loin des histoires pareilles. Donc attention à ceux qui sont utilisés, mais aussi attention à ceux qui regardent ce que Dieu utilise. On élève Dieu et c’est sortir du cadre que de considérer quelqu’un comme possédant un charisme à vie et en lui mettant une étiquette quelconque. Troisième balise donc. Premièrement, Dieu choisit à qui Il donne et ce qu’Il donne. Deuxièmement, les dons ne sont pas définitifs. Troisièmement, se souvenir que tout exercice de dons spirituels est faillible et ne peut être central. Les dons ont leur place dans la marche chrétienne, mais ne doivent pas occuper une place centrale, ni dans nos vies, ni dans l’église, ni pour nos décisions d’avenir. Ce que je veux dire par là, c’est qu’on ne peut absolument pas mettre sur un même pied d’égalité la révélation écrite, la Bible, et la révélation humaine, même si celle-ci est ancrée dans les Écritures et bien intentionnée parce que la personne qui [00:15:00] exerce un don, même un vrai don, reste humaine et donc faillible. C’est pour ça que l’apôtre Paul dit d’examiner tout avant de prêter foi. Nous devons veiller à ce que l’émotionnel ne l’emporte pas sur la révélation écrite, les expériences ne supplanteront jamais la parole. Thomas Schreiner, que j’ai cité tout à l’heure, écrit ceci : les croyants croient parfois que ce sont les expériences extraordinaires qui édifient, notamment celles qui sont émotionnelles et bouleversantes. Certes, les émotions sont une bonne chose et ne devraient pas être mal vues. Cependant, Paul nous enseigne que les émotions doivent être ancrées dans la Vérité. Fin de citation. C’est toujours la vérité et on parle évidemment de la vérité de la Parole de Dieu, de la Bible. Tristement, les chrétiens qui cherchent les réponses et sont insatisfaits des réponses de la Bible ou des enseignements fidèles qu’ils reçoivent, insatisfaits des délais de Dieu, vont parfois avoir tendance à courir après toutes sortes de révélations, de prophéties, jusqu’à ce qu’on leur dise ce qu’ils ont envie d’entendre. Ils vont aller de déception en [00:16:00] déception, au lieu d’attendre patiemment le secours de l’Éternel. Là encore, on sort du cadre. John Piper nous met en garde et il écrit : Attendez-vous humblement à ce que la prophétie ne soit pas considérée comme une parole de l’écriture, mais comme une parole humaine, inspirée par l’Esprit qui doit être pesée par l’écriture et par une sagesse spirituellement mûre. C’est à dire que si quelqu’un vous donne une parole soi-disant inspirée, et bien soumettez-la à l’examen de quelqu’un qui est mûr spirituellement pour avoir son avis. Il continue, il écrit : pour qu’une prophétie soit acceptée comme valide, elle doit trouver un écho dans le cœur des personnes spirituellement mûres. Cela devrait être confirmé par une perspicacité bibliquement saturée et cela devrait trouver une résonance dans les cœurs et les esprits de ceux qui ont l’Esprit de Christ et sont gouvernés par Sa paix. Fin de citation. Donc très important : les dons sont souhaitables mais ils n’ont pas une autorité comparable à celle des Écritures car écoutez bien ceci j’ouvre une parenthèse mais [00:17:00] l’Écriture, la Bible, est verbalement inspirée, les paroles mêmes des auteurs bibliques sont Paroles de Dieu 1Corinthiens 2:13, 2Timothée 3:16. Cela est vrai de la Bible, cela ne l’est pas des dons de prophétie, des dons de parole, de connaissance ou autres. Et là, on touche à quelque chose de constitutif à l’Évangile. On touche aux croyances primaires parce que, voyez-vous, on peut avoir différentes manières de définir et de pratiquer les dons spirituels. On peut avoir différentes positions parmi les chrétiens. Et oui, c’est un sujet secondaire, ça ne remet pas l’Évangile en question, mais dès l’instant où on va faire passer les manifestations des dons spirituels comme les prophéties ou autres dons, dès le moment où ces dons vont outrepasser l’autorité de la Bible, et bien là on touche aux croyances primaires. On touche au fondement du christianisme qui dit Sola Scriptura -les Écritures seules- ont autorité et les Écritures seules sont inhérentes. Je crois qu’une église sage soumise à la Parole sera capable de vivre et de pratiquer les dons, [00:18:00] sans aller ni au-delà, ni rester en deçà de ce que Dieu a prévu pour l’Église, il s’agit de rester dans le cadre prévu par Dieu. Et bien, dans ce genre d’église, les dons se manifestent sans forcément toujours devoir les identifier comme tels, ça fait pas forcément beaucoup de bruit, mais le fruit sera visible par l’édification de l’Église et la gloire de Dieu qui est manifeste. Ce qui compte, ce n’est pas d’identifier les dons ou les porteurs des dons, mais d’identifier les fruits et de glorifier le Donateur. Là, on est dans le cadre. Parfois on peut être obnubilé par le fait d’identifier les dons chez les autres. Lui a tel don et elle a tel don. Je ne sais pas, mais un jour, un certain Jésus Christ a dit qu’on reconnaît un arbre à son fruit. Très important. Ce n’est pas parce qu’un pasteur ou une église parle beaucoup de dons spirituels, de dons de prophétie, etc. que forcément, les dons se manifestent. Et inversement. Ce n’est pas parce qu’une église ou des pasteurs ne parlent pas beaucoup de dons spirituels que les dons spirituels ne se manifestent pas. Ce n’est pas une question de [00:19:00] parler de dons ou d’identifier les dons, c’est une question de fruit. Regardez au fruit, regardez à la Parole comme je viens de le dire. La prophétie n’est pas sur un pied d’égalité avec la Bible. N’acceptez aucune prophétie sans la passer au filtre des Écritures. Autre balise : les dons ne sont pas des marqueurs de spiritualité. Je reviens avec le don du parleur en langue. Personnellement, je parle en langue depuis très longtemps, mais ça ne fait pas de moi quelqu’un de spécial ou de fiable. C’est la grâce de Dieu et on n’y est pour rien. C’est un don, c’est un cadeau. Les dons de miracle ou les signes ont toujours pour but de pointer vers la personne qu’il désigne, Christ. Ce sont des projecteurs qui pointent vers Christ. Nous sommes appelés non pas à regarder le projecteur, mais à regarder ce qui éclaire le projecteur. Et c’est toujours comme ça. Les dons ne sont pas là pour mettre qui que ce soit en avant, à part Christ, et c’est important. Nous ne devons pas tomber dans le piège de valider par défaut la doctrine d’une personne en fonction de son [00:20:00] don. Ce n’est pas parce que quelqu’un a un don que tout ce qu’il dit est forcément parole de l’Évangile.